Un ouvrage truculatoire
Qui parle du déclin de la France
et de sa langue ? Truculent à l’oral, jubilatoire
à l’écrit, Pivot démontre le
pouvoir de la spécificité culturelle. Son
Dictionnaire Amoureux ne peut en effet s’envisager
qu’en français, et ne peut s’appuyer
que sur le terroir hexagonal. Les Boches ne pourront pas
nous le prendre !
Les dictionnaires amoureux, il en sort
à la pelle. Ils sont sympas car on les stocke quelque
part et puis on en consulte un extrait à l’occasion.
Ici, c’est le contraire : on ouvre la première
page, et on ne le lâche plus. Car l’auteur exploite
tous les registres : l’érudition, la logique,
la poésie, et, bien sûr l’humour ô
combien raffiné. Il est aussi à la lettre
un homme de lettres : « La côte désigne
une pente, plus ou moins raide, d’une montagne ou
d’une colline, alors que le coteau nomme la colline
tout entière, généralement peu élevée
et arrondie. En toute logique, l’accent circonflexe,
avec ses deux versants, eût mieux convenu au coteau
qu’à la côte ». Ou : "Avec
sa cédille, le jurançon est un vin qui fournit
le tire-bouchon. Le Mâcon est moins pratique".
Ou encore : " Nous préférons tastevin
à l'orthographe officielle taste-vin. Pourquoi ce
petit trait d'union inutile alors que le vin en est un naturel,
puissant, commode et chatoyant ?". On connaissait les
jeux de mots. Voici les jeux de lettres.
Arrêtons ici car mieux vaut passer votre temps à
déguster l’ouvrage.
A. LEONCE-LABOIE
Dictionnaire amoureux
du Vin – Bernard Pivot – Plon – 23 euros
en France métropolitaine